Cure de désintoxication: mode d'emploi
6h30 Réveil (une sonnerie qui retentit dans tout le bâtiment)
7h00 Petit-déjeuner comme à l'hôtel ;-)
7h30 Appel
7h45 Marche (tour du quartier)
8h15 Début des activités
Les activités qui durent jusqu'au souper (avec une pause de 45mn) pour manger sont diverses et variées. Elles se déclinent en trois catégories:
Les groupes de parole (feu de camp)
Les ateliers ou cours
Les activités sportives
On y trouve par exemple de l'addictologie, de l'alcoologie, de la musicothérapie, cours de conscience de soi, de l'alimentation, de la vidéo (jeux de rôles avec caméra), des bains thermaux, du fitness... et plein d'autres.
L'équipe est composée de psychiatres, de psychologues, d'une infirmière, de spécialistes en addictologie, d'intervenants en dépendance, de stagiaires, de surveillants, sans oublier l'équipe de nettoyage et de maintenance et les cuisiniers. Certains stagiaires et surveillants se relayant afin d'assurer une permanence 24/24.
Théoriquement, ce n'est pas de l'enfermement. Nous sommes libres de sortir tous les jours, cependant c'est fortement déconseillé dès le début. En cas de sortie, le pensionnaire doit être accompagné et se soumettre dès son retour à tous les tests correspondants aux substances décelées à son jour d'arrivée. Dans mon cas ça voulait probablement dire pipi test, ethylomètre et prise de sang pour les enzymes GamaGT tout ça pour sortir une demi heure. On comprend alors que beaucoup n'ont pas faits usage de leur droit de sortie. Le peu qui l'on fait en ont pour la plupart profité pour faire des entorses à leur engagement. Il faut comprendre qu'à ce moment-là, même si je suis déterminé à en finir avec la bouteille, toute tentation aurait été difficile à gérer. L'abstinence n'est pas inconfortable, mais au début il faut mieux être dans un environnement protégé.
Une chose à savoir, c'est que je suis entré en cure, dans le but de stopper ma consommation excessive d'alcool, j'aurais par contre bien voulu continuer à fumer un petit pétard conique de temps en temps. Mais il ne faut pas rêver. C'est tout où rien. D'ailleurs, il en va de la guérison des autres pensionnaires, la plupart sont là pour l'alcool, mais pas tous, d'autre pour l'herbe, ou l'héroïne, ils acceptent même les accros au sexe ou au jeu je suppose. Certains, comme moi d'ailleurs, cumulent les addictions.
En parlant de sexe c'est interdit dans la maison, tout comme le téléphone portable, l'ordinateur et tout ce qui peut amener à un contact vers l'extérieur. Les relations "privilégiées" sont d'ailleurs sanctionnées (pas de sortie du weekend).
Le premier weekend se passe à l'intérieur, le deuxième est accordé seulement en cas de bonne conduite. Mais il y a diverses activités proposées dans le cadre de la fondation, des sorties bowling ou cinéma, visite de musée on peut tout demander. Un terrain de pétanque est à disposition, (le pastis n'est pas fournis), un billard, un sauna et quelques autres truc sont disponibles à volonté. Il n'y a pas de couvre-feu. La fumée est interdite dans le bâtiment, mais une petite pièce y est dédiée.
Les groupes de paroles sont les activités les plus difficiles. Nous sommes généralement des petits groupes de cinq à six personnes. Beaucoup de choses se disent, parfois de gros morceaux sortent, sur l'enfance d'un tel qui a subit des abus, ou autres choses sordides. Mentalement c'est très éprouvant, les gens arrivent avec leur valises pleines de casseroles. Mais les liens se resserrent et les groupes deviennent très soudés, un peu comme une famille. Il peut y avoir des conflits aussi.
Le soir on en reparle en jouant à un Trivial Pursuit, ou autour du billard parfois l'émotion est à son comble, la somme de souffrance autour de moi était parfois considérable, des concepts comme le désespoir peuvent devenir palpables au point de raréfier l'atmosphère. Les langues se délient au fil des jours, chacun raconte son histoire et la redécouvre dans un environnement protégé.
Au fur et à mesure les progrès se font sentir et une évaluation régulière de nos répondants nous est soumise. L'émotion est hissée au rang de valeur fondamentale pour notre rétablissement, le but étant de la mener à son paroxysme. On cherche clairement à nous faire craquer. La seule évasion possible est la salle télé, mais là encore, c'est en commun.
Cet examen de conscience est sans doute le plus long et le plus intense que je ferai de ma vie.
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